Ugo Gattoni, Affiche officielle des jeux olympiques de Paris, 2024.

«  Paris outragé  ! Paris brisé  ! Paris martyrisé  !  » (De Gaulle, 1944) Mais Paris dépecé  !


L’extrême droite regrette une affiche sans croix et sans drapeau tricolore. Et alors  ?
De plus aimables esthètes regrettent une vilaine affiche. Elle est plus vulgaire que laide  !
Je déplore la disparition de Paris. Où sont les rues, les avenues, les boulevards, les places  ? Les hôtels particuliers  ? Les maisons de rapports  ? Les cafés  ? Les terrasses  ? La ville qu’on nous montre est sans os, sans veines et sans artères, sans nerfs et sans muscles, sans chair et sans peau, sans substance ni structure. Paris n’est plus qu’un ensemble d’attractions disjointes, semées au hasard dans un grand stade  : Oh, un ballon  ! Oh, un plongeur  ! Oh, un métro  ! Oh, une tour  !
Cette pratique fait écho à une politique urbaine et métropolitaine qui considère Paris comme une succession d’évènements disjoints  : Oh, une plage sur les quais  ! Oh, un forêt urbaine  ! Oh, une journée sans autos  ! Oh, une coupe du monde  ! Oh, des jeux olympiques  ! La délicate mécanique urbaine est ignorée. Et une ville dont la forme n’est pas reconnue par ses représentants court un danger mortel.
Quel défit pour un artiste  ! Des milliers d’auteurs avant lui ont voulu qualifier Paris. Quelques dizaines y sont arrivés, au terme d’un poème, d’une chanson, d’un traveling, d’une fresque, parfois d’une image, d’un mot. Quel défi  ! Paris est une fête, souvent. Mais un parc d’attraction pour enfants accompagnés, jamais  ! Quel échec  ! Ugo Gattoni su pourtant, à l’occasion des jeux olympiques de 2012, magnifiquement montrer Londres. Il choisit cette année de dépecer Paris, avec l’agrément imbécile de dizaines d’experts, de responsables et d’élus.
Que faire  ? Après qu’ils ont injurié Paris, j’ai au moins l’obligation morale d’insulter l’artiste et ses commanditaires, qui travestissent leurs ignorances en savoirs, qui s’adressent à nous comme à des gamins  :

Pédagogues  !



À la décharge d’Ugo Gattoni, deux de ses images, urbaines et joyeuses  : Bicycle (2012, extrait) et Carré Hermès. Nous sommes à Londres, ou presque…


Bons vents  ! d’après Peter Zumthor, Thermes de Vals, 1993-1996, Photo Jeremy Mason McGraw, Serouj Ourishian, Neige sur l’Ararat, 2012, Martine et Pascal Urbain, Brume sous le Ventoux, 2024/01/01.


Le château d’Ulrich, d’après Adolf Loos, Vienne, Autriche, 1913, Pur 2003.

Ayant à travailler sur les mouvements modernes en architecture, j’en ai fait une courte liste sur un tableau Excel, en m’appuyant sur l’excellent Architecture XIXème-XXème siècles, Groupes et Mouvements, coordonné par Édith Girard pour le Centre d’Études et de Recherches Architecturales de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts, publié en 1980. Ma propre compilation est inachevée et, bien qu’interminable, sera ultérieurement complétée.

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Elizabeth Thompson, puis Lady Butler (1846-1933), Le 28ème Régiment à la bataille de Quatre Bras, 18150616, 1875.


L’École Nationale Supérieure d’Architecture de Marseille manque de bras. Aussi, pour remplacer la remplaçante de la titulaire des cours d’histoire de l’architecture du premier semestre de deuxième année, elle fut contrainte cette année, en dernier recours, de faire appel à un architecte dépressif. En sorte qu’un cours d’histoire de l’architecture du XXème siècle sera assuré par un enseignant retraité qui a principalement vécu au XXème siècle.


En apparence, c’est une bonne idée  : qui, mieux qu’un homme d’un siècle révolu, est susceptible d’en parler  ? Mais la réponse s’ensuit, forcément décevante  : n’importe qui se sortirait mieux que moi de cette affaire  ; n’importe qui ayant principalement vécu après le XXème siècle ; ou avant le XXème siècle, quiconque serait encore parmi nous.


Certainement, un historien des guerres napoléoniennes tuerait père et mère pour être une heure, une heure seulement, aux Quatre-Bras, avec Michel Ney, Maréchal d’Empire, qui commandait les premier et deuxième corps d’armée, le 16 juin 1815. Encore ne voudrait-il entendre ce témoin-clef qu’à la condition de ne rien oublier de tout ce qu’il sait déjà, et que le Maréchal ignore  : les positions respectives de tous les corps d’armées à 15 heures 30  ; l’ordre que Napoléon aurait envoyé à Ney  ; le démenti tardif de Jean-de-Dieu Soult, sur son lit d’agonie, que cet ordre fut envoyé  ; l’issue de la bataille  ; l’effondrement final deux jour plus tard, à Waterloo.


Il est moins certain que le même historien donnerait un zlopeck pour être le lendemain avec Fabrice del Dongo, un héros de Stendhal qui traverse la bataille presque sans rien faire, ni rien comprendre. Dans La Chartreuse de Parme, Fabrice est un jeune noble italien. Il admire Napoléon. Il veut rallier ses troupes. Il se procure le passeport d’un tiers. Il rejoint l’armée à Waterloo. Tous, fourbus, prennent garde aux coups, dans un bataille qui semble gagnée par moments, mais qui tourne au désastre. Fabrice, indécrottable romantique, parfois ivre, plus souvent distrait, erre sous la pluie, dans la boue, parmi les blessés, les vivants et les morts. Il ne survit que par la chance de l’innocent, et par quelques pièces planquées dans son habit. Mais il a tellement peu compris ce qui lui est arrivé que, rétrospectivement, il se demande s’il a vraiment été présent à cette fichue bataille.


Très certainement, comme témoin à la manque de la deuxième moitié du XXème siècle, je suis infiniment plus proche de Fabrice del Dongo que de Michel Ney. Non seulement je ne suis pas certain d’avoir vraiment vécu et travaillé en ce temps-là, mais je m’apparais parfois, à l’improviste, en figurant d’une fiction. Mais rien n’empêche d’essayer…

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La part des anges, et celle des Djinns, d’après Tristan Fewings, Vente aux enchères, Sotheby’s, 20190621, Pablo Picasso, Guernica, 1937,
Liu Bolin, Guernica, 2006, et Hiding in the City, 2006, Pur 20230611.

J’aime assez raconter des histoires qui ne sont pas à mon avantage. Aussi, je me permets d’évoquer une trouvaille dont je n’étais pas mécontent, mais qui, deux fois de suite, n’a pas trouvé son public.

Tout a commencé par la demande d’une éventuelle contribution dans un séminaire doctoral concernant La dénotation, à Marseille. J’acceptais d’autant plus volontiers que je n’y connaissais rien et que j’aime à m’instruire de choses nouvelles. Je rédigeais un premier texte, traitant des anges et des djinns, trop énigmatique pour être efficace. En repentir j’en rédigeais un second, plus simple. Mon offre fut recalée pour différentes raisons et surtout celle-là : il y avait déjà, dans le séminaire, l’intervention d’un chercheur expérimenté et place devait rester aux jeunes doctorants.

Mais ça n’est pas parce qu’un refus et fondé que le refusé s’en console. Je rangeais mes petits papiers dans mon nuage et je passais à autre chose. Un mois plus tard, par un hasard que je pensais heureux, on me proposait une intervention sur la pédagogie architecturale, pendant un colloque de trois jours à Saint-Étienne…

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Anonyme, Architectes, tremblez  !, Mai 1968 (tradition orale).

Après m’être fourvoyé au Conseil d’Administration de la Maison de l’Architecture et de la Ville (MAV) pendant un an, après avoir annoncé ma prochaine démission, j’avais encore à dire deux mots d’une très intéressante conférence qui se tenait sous la verrière de l’Ordres des architectes le 9 mai 2023 à 19 heures  ; aucun autre administrateur n’étant disponible à ce moment.

Il convient, pour présenter des conférences, de ne jamais déflorer les sujets des conférenciers et, en conséquence, de parler d’autres choses  ; le plus souvent des conférenciers eux-mêmes. Malheureusement un membre de Lis Avis, promoteur de l’évènement, devait s’en charger juste après moi. L’éloge de Billy Guidoni et de Marion Serre m’étant confisqué, j’aurais pu faire celui de la Maison de l’Architecture. Mais un administrateur qui la quitte avant le terme de son mandat est-il le plus qualifié  ?

J’écrivais quelques lignes dans la matinée, mais le moment venu je renonçais à l’essentiel, pour deux raisons  :
– je ne voulais pas troubler les conférenciers  ;
– on venait de me demander d’être bref.

Ci-dessous, ce qui fut dit, en noir, et ce qui n’y fut pas dit, en gris  :

C’est avec plaisir que la Maison de l’Architecture et de la Ville accueille Lis Avi et la conférence «  architecte autrement  ».

L’adverbe «  autrement  », qui en 1975 a désigné une revue, et qui désigne encore une maison d’édition, signait la fin de deux ou trois grandes idéologies, à un moment où, à défaut d’être ou de faire mieux que d’autres, on se contentait d’être ou de faire autrement qu’eux. Avant on parlait d’alternative. Maintenant on parle de différence. C’est du pareil au même.

En principe, l’altérité est neutre, elle exclut toutes hiérarchies  : on n’est pas mieux, on n’est pas pire, on n’est ni plus ni moins, on est seulement autre. C’est une pure hypocrisie  : une altérité sans hiérarchies, au pluriel, ça n’existe pas ici-bas.

En fait, dans une époque pavée de bonnes intentions sélectives, le terme «  autrement  » est toujours utilisé positivement, pour qualifier des altérités culturellement, socialement ou économiquement reconnues. Mais on ne souhaite à personne une altérité solitaire.

J’en sais quelque chose. J’ai toujours rêvé d’être architecte pareillement. J’aurais adoré être pareil aux autres, et faire pareil. En une quarantaine d’années de carrière j’aurais pu construire – disons – plus d’une vingtaine de bâtiments, plutôt petits, dont peut-être une douzaine ne m’auraient pas fait honte. Quelle chance  ! J’ai tenté la mienne. De toutes mes forces. Jours et nuits. En vain. Je me suis arrangé autrement, en faisant d’autres choses que des bâtiments, ou sous d’autres noms, et aux ordres d’autres. Je le regrette infiniment. J’aurais adoré faire pareil. J’adorerais avoir été pareil. C’est raté. C’est dommage.

Dans un monde difficile, qui le sera de plus en plus, chacun fait comme il peut, souvent dans des marchés de niches. Chacun aussi, je le sais bien, espère trouver une source vive, quand la plupart n’auront qu’un filet d’eau. Chacun mérite notre curiosité, notre attention, et souvent, notre respect.

Être un architecte autrement ne tombait pas sous le sens quand Filippo Brunelleschi fit semblant de savoir comment couvrir Sainte-Marie-de-la-fleur  ; quand il prit la fuite pour ne pas avoir à répondre aux questions dont ils n’avaient pas les réponses  ; quand il revint à la charge après que d’autres avaient échoué  ; quand il dû briser la grève des vieilles corporations  ; quand il feint d’être malade pour discréditer ses concurrents, rien n’était acquis. Son succès ne fut certain qu’à la toute fin de son œuvre. Et personne ne soupçonnait encore qu’il fit naître un métier nouveau  : architecte, au sens moderne du terme.

Est-ce que Marion et Billy seront à la hauteur de Filippo  ? Ou mieux encore  ? Je n’en sais rien  ! Je sais seulement qu’ils essayent. Si vous pensez, comme moi, que ça vaut la peine de réajuster un métier qui eut de meilleurs moments que le nôtre, il faut les entendre. Et après les avoir entendus, il faut adhérer à la Maison de l’Architecture et de la Ville, pour un prix modique, surtout quand on est étudiant. Il faut y faire entendre des points de vue nouveaux. Il faut y faire des propositions, et y voter à l’assemblée générale du jeudi 1er juin à 18 heures. Venez nombreux  !

Pascal Urbain


Laurent Beaudouin et Ivry Serres, Médiathèque Charles-Nègre, Grasse 2022, Pur 20230125.

Avant d’annoncer les régionaux de l’étape, je voudrais brièvement présenter l’équerre d’argent.

Une équerre, je le dis pour les jeunes générations, est un triangle rectangle évidé, en bois ou en plastique de 1 à 3 mm d’épaisseur, qui permet, en le faisant glisser sur une règle, de tracer une perpendiculaire à la direction de la règle. Ça revient à forcer les lignes sur les axes du système de coordonnées dans un logiciel vectoriel, ou sur un logiciel de traitement d’image, à appuyer sur la touche avec une grosse flèche vers le haut pendant qu’on trace un trait.

Quant à l’argent, les anciens s’en souviennent, c’est ce qu’on obtenait en échange d’un certain travail. Dans le temps  !

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2017

2018

2019


2020

2021

2022


Projets de rénovation de la vieille ville de Marseille au dix-neuvième siècle, Pur, 1980.

Dans le cas, très improbable, où quelqu’un s’intéresserait aux projets de rénovation de la vieille ville de Marseille, présentés de 1855 à 1858, la numérisation de la partie théorique de mon diplôme d’architecture peut être utile.

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