Anonyme, Architectes, tremblez  !, Mai 1968 (tradition orale).

Après m’être fourvoyé au Conseil d’Administration de la Maison de l’Architecture et de la Ville (MAV) pendant un an, après avoir annoncé ma prochaine démission, j’avais encore à dire deux mots d’une très intéressante conférence qui se tenait sous la verrière de l’Ordres des architectes le 9 mai 2023 à 19 heures  ; aucun autre administrateur n’étant disponible à ce moment.

Il convient, pour présenter des conférences, de ne jamais déflorer les sujets des conférenciers et, en conséquence, de parler d’autres choses  ; le plus souvent des conférenciers eux-mêmes. Malheureusement un membre de Lis Avis, promoteur de l’évènement, devait s’en charger juste après moi. L’éloge de Billy Guidoni et de Marion Serre m’étant confisqué, j’aurais pu faire celui de la Maison de l’Architecture. Mais un administrateur qui la quitte avant le terme de son mandat est-il le plus qualifié  ?

J’écrivais quelques lignes dans la matinée, mais le moment venu je renonçais à l’essentiel, pour deux raisons  :
– je ne voulais pas troubler les conférenciers  ;
– on venait de me demander d’être bref.

Ci-dessous, ce qui fut dit, en noir, et ce qui n’y fut pas dit, en gris  :

C’est avec plaisir que la Maison de l’Architecture et de la Ville accueille Lis Avi et la conférence «  architecte autrement  ».

L’adverbe «  autrement  », qui en 1975 a désigné une revue, et qui désigne encore une maison d’édition, signait la fin de deux ou trois grandes idéologies, à un moment où, à défaut d’être ou de faire mieux que d’autres, on se contentait d’être ou de faire autrement qu’eux. Avant on parlait d’alternative. Maintenant on parle de différence. C’est du pareil au même.

En principe, l’altérité est neutre, elle exclut toutes hiérarchies  : on n’est pas mieux, on n’est pas pire, on n’est ni plus ni moins, on est seulement autre. C’est une pure hypocrisie  : une altérité sans hiérarchies, au pluriel, ça n’existe pas ici-bas.

En fait, dans une époque pavée de bonnes intentions sélectives, le terme «  autrement  » est toujours utilisé positivement, pour qualifier des altérités culturellement, socialement ou économiquement reconnues. Mais on ne souhaite à personne une altérité solitaire.

J’en sais quelque chose. J’ai toujours rêvé d’être architecte pareillement. J’aurais adoré être pareil aux autres, et faire pareil. En une quarantaine d’années de carrière j’aurais pu construire – disons – plus d’une vingtaine de bâtiments, plutôt petits, dont peut-être une douzaine ne m’auraient pas fait honte. Quelle chance  ! J’ai tenté la mienne. De toutes mes forces. Jours et nuits. En vain. Je me suis arrangé autrement, en faisant d’autres choses que des bâtiments, ou sous d’autres noms, et aux ordres d’autres. Je le regrette infiniment. J’aurais adoré faire pareil. J’adorerais avoir été pareil. C’est raté. C’est dommage.

Dans un monde difficile, qui le sera de plus en plus, chacun fait comme il peut, souvent dans des marchés de niches. Chacun aussi, je le sais bien, espère trouver une source vive, quand la plupart n’auront qu’un filet d’eau. Chacun mérite notre curiosité, notre attention, et souvent, notre respect.

Être un architecte autrement ne tombait pas sous le sens quand Filippo Brunelleschi fit semblant de savoir comment couvrir Sainte-Marie-de-la-fleur  ; quand il prit la fuite pour ne pas avoir à répondre aux questions dont ils n’avaient pas les réponses  ; quand il revint à la charge après que d’autres avaient échoué  ; quand il dû briser la grève des vieilles corporations  ; quand il feint d’être malade pour discréditer ses concurrents, rien n’était acquis. Son succès ne fut certain qu’à la toute fin de son œuvre. Et personne ne soupçonnait encore qu’il fit naître un métier nouveau  : architecte, au sens moderne du terme.

Est-ce que Marion et Billy seront à la hauteur de Filippo  ? Ou mieux encore  ? Je n’en sais rien  ! Je sais seulement qu’ils essayent. Si vous pensez, comme moi, que ça vaut la peine de réajuster un métier qui eut de meilleurs moments que le nôtre, il faut les entendre. Et après les avoir entendus, il faut adhérer à la Maison de l’Architecture et de la Ville, pour un prix modique, surtout quand on est étudiant. Il faut y faire entendre des points de vue nouveaux. Il faut y faire des propositions, et y voter à l’assemblée générale du jeudi 1er juin à 18 heures. Venez nombreux  !

Pascal Urbain


2017

2018

2019


2020

2021

2022


Projets de rénovation de la vieille ville de Marseille au dix-neuvième siècle, Pur, 1980.

Dans le cas, très improbable, où quelqu’un s’intéresserait aux projets de rénovation de la vieille ville de Marseille, présentés de 1855 à 1858, la numérisation de la partie théorique de mon diplôme d’architecture peut être utile.

Accéder au pdf téléchargeable


Architectures historiques à Marseille, Pascal Urbain sous la direction de Daniel Drocourt, Edisud, 1987.
Joseph Vernet (1714-1789), Entrée du port de Marseille, 1754.

Ce vieux livre, épuisé de longue, peut intéresser de rares et jeunes étudiants concernés par les vieilles architectures des vieilles villes, tout spécialement Marseille.

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Femme, Vie, Liberté  !, d’après Kamal al-din Behzad, Séduction de Joseph, 1488, Anonyme, à la manière de Muhammad Hassan, Dame jouant du tār, Kadjar Iran, vers 1800,
Henri Matisse, La desserte rouge, 1908, et Rabee Baghshani, Coca Cola, 2016, Pur, 2023.


Femme, Vile, Liberté  !


Marseille, Strate Stadt, d’après photo Neubaugebiet in Marseille, Robert B. Fishman, Ecomedia, C3455, 20110320, Photomontage Pur 2019.[/caption]

Une petite série d’images de Marseille, pour introduire un exposé plus long sur la ville, à venir…


Cour de marbre vue depuis la cour royale du Château de Versailles et Sommet de l’Union Européenne des 10 et 11 mars 2022, collage Pur 2022.

On se trompe peut-être, mais sur les marches de la cour de marbre du château de Versailles, nos dirigeants semblent accueillir avec presque autant de soulagement que de gravité le retour – qu’on espère temporaire – du «  tragique de l’histoire  », et celui – qu’on espère durable – du réel et de la politique. On se trompe sans doute mais ils semblent bien satisfaits d’avoir, enfin, quelque chose à faire qui ne soit pas de pure représentation, qui ne soit pas pour la montre, mais contre elle. Je leur adresse tous mes vœux pour qu’ils apprennent vite leur nouveau métier… À Versailles, vraiment  ?

Aldo Rossi (1931-1997), Reichlin, Reinhart et Consolascio, La ville analogue, trente-septième Biennale de Venise, 1976, et photo de Tristan Fewings, Vente aux enchères, Sotheby’s, 21 juin 2019, Collage Pur 20210121.


L’analytique de l’urbanité se fera, par tradition plutôt que par conviction, en quatre moments, aux titres de la quantité, de la qualité, de la relation et de la modalité :
– au titre de la quantité, l’urbanité est un rapport social désaffecté ;
– au titre de la qualité, l’urbanité est un savoir-vivre improvisé ;
– au titre de la relation, l’urbanité est de libres allégeances ;
– au titre de la modalité, l’urbanité est un potlatch dépersonnalisé.
Chaque moment sera décomposé en quatre séquences : histoire ; opinion ; théorie ; pratique.

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1922-2022, Désemmasqués  !
d’après René Magritte, Les amants, (1928), Le Corbusier, Unité d’habitation, (1952), et Renzo Wieder, restauration de l’église des Réformés, (2020).


Meilleurs vœux.