« Il n’y a pourtant rien de plus contraire à l’esprit de la ville que d’accepter l’imprévisible. »[1]
Extraite de son contexte, cette petite phrase culottée, paradoxale, incroyable, il faut la relire pour en savourer l’énigme. Qui a pu croire que la ville – en fait ou en esprit, qu’importe – n’accepte pas l’imprévisible ? Qui n’aurait rien lu, rien entendu, rien vu ni rien senti d’elle ? Quel Giton ? Quel Persan ? Ou quelle perverse persane emprisonnée put croire que la ville n’est pas la mère d’imprévue ? Ni celui qui l’habite, ni celui qui la visite, ni celle qui en a entendu parler, ne peuvent l’avoir crue prévisible, ni en pensée ni en acte, la ville.
La phrase fut écrite, pourtant, dans le neuvième livre de Joëlle Zask, philosophe polyglotte habilitée à diriger des recherches ; c’est dire ma jalousie et ma peine de n’avoir jamais été ni publié ni habilité à quoi que ce soit. J’en suis d’autant plus navré que j’aurai, une prochaine fois, à remercier l’auteure pour une raison qui, je le crains, ne lui plairait pas. Très heureusement, il est peu probable qu’elle ait à me lire.
Lire la suite en pdf
[1] Joëlle Zask, Zoocities, des animaux sauvages dans la ville, Premier Parallèle, 2020 (9.1. p.108). Note : dans ce chapitre, les textes à caractères religieux seront notés en livres et chapitres : premier chapitre du neuvième livre de Zask, en la circonstance.