North Fremont Street, Chicago, Illinois Usa, Pur 20111002 01


Rem Koolhaas aurait dit – dit-on – que « if it’s important, make it red ». Cette citation, qui n’a malheureusement pas pu être vérifiée après une brève recherche sur Internet, relève d’une tradition orale difficile à vérifier, mais crédible. «  Rouge  » ne pose pas de gros problème d’interprétation. Aussi bien on pourrait dire «  doré  », sur fond argenté, ou «  noir  », sur fond blanc  ; de façon plus générale on dirait prudemment «  contrasté  »  ; même si «  rouge  » est plus franc, plus net, plus vif. Les difficultés d’interprétation du propos tiennent moins au «  rouge  » qu’à l’adjectif «  important  ». C’est important pour quoi, ou pour qui  ? C’est important pour le programme  ? Pour la critique  ? Pour l’histoire  ? Pour le public  ? Pour le client  ? Pour soi  ?

Si une interprétation correcte est probablement à chercher du côté de l’importance objective d’un élément fonctionnel ou architectural qu’il faut mettre en exergue, l’usage, dans les écoles d’architecture, est de mettre en rouge (ou en noir, ou en doré, en en n’importe quelle autre couleur pétante) le projet lui-même, tout le projet et rien que le projet. Le solde, le très méprisable et très insignifiant «  environnement  » étant plongé dans la fadeur d’un blanc cassé, d’un gris clair, ou d’un beige. C’est le projet qu’on fait, c’est le projet qu’on montre, se dit l’étudiant, il ne faut voir que le projet. Et généralement il parvient au résultat escompté.

Les enseignants ont beau dire et redire, rabâcher chaque semaine que le cadre compte, que le projet ne vient que pour combler les manques du cadre, c’est en pure perte qu’ils s’agitent  : On fait un projet  ? On montre un projet  !

Nous en sommes arrivé à cette phase, toujours un peu déprimante pour les enseignants, où un certain nombre d’étudiants – pas tous – peuvent enfin se débarrasser du fond neutre où ils interviennent.

Alice Duran  : Villa Buggenhout, Office KGDVS, 2012

L’une des particularités premières de la villa Buggenhout Villa est son enceinte. À quatre mètres de la limite de la parcelle, règle de distance traditionnelle, un rectangle de 13 mètres sur 29 était délimité par des cadres en acier. Ces cadres en acier créent une enceinte sur laquelle poussent les plantes grimpantes.

En son cœur, un jardin se créer entre la maison et le cadre d’acier. Ce nouvel espace est un espace fédérateur intermédiaire entre l’espace public et un bâti qui, dans une large mesure, ressemble à un paysage à vocation publique. La notion de paysage naturel (ou paysage rendu à la nature) comble le fossé entre les espaces privés et publics.

Cette enceinte délimite une «  maison extérieure  », elle est isolé des autres maisons environnantes ce qui permet de ne pas avoir de vis-à-vis depuis le rez-de-chaussée.

Une partie de l’intrigue a donc été sacrifiée afin de créer une maison véritablement indépendante et d’affiner la relation avec l’environnement immédiat et générique.
Il n’y a aucune trace de la villa de banlieue conventionnelle. La villa Buggenhout pousse les conditions du lotissement à l’extrême et montre ce qui est possible lorsque le contexte du logement flamand se radicalise.

La villa est composée d’un plan régulier constitué de neuf cases. Ce plan se prolonge sur un étage. On y trouve au rez-de-chaussée 9 pièces, certaines fermées, certaines ouvertes mais toutes reliées entre elles par des ouvertures dans les murs.

Un autre lien existe entre les niveaux, un spacieux escalier en colimaçon en métal s’élève de la pièce du milieu jusqu’à l’étage supérieur isolé et étanche.

On retrouve une totale contradiction dans les façades composant les niveaux puisqu’une est ouvert sur l’enceinte dans le jardin par de large fenêtre permettant une vue dégagée et l’autre qui est plus visible par les personnes environnantes et qui de ce fait est complètement fermée sur les côtés. Sur ce morceau de façade, seules trois fenêtres de chaque cotés en direction de la largueur du rectangle formant l’enceinte sont ouvertes.

Il y a une question de visibilité dans le projet.

Le projet étant dans un lotissement traditionnel l’architecte a du créer une orientation dans les ouvertures pour proposer aux habitants une vie à l’abri des regards.

La symétrie rigide du plan signifie que les modes de vie traditionnels sont suspendus et que de l’espace a été créé pour les variantes  : pour une maison intérieure et extérieure, ou quelque chose entre les deux. Cette symétrie signifie également que la maison n’a pas d’orientation prononcée. La villa rend possibile différentes situations de vie qui pourraient dépendre de la météo ou de la vie sociale du propriétaire.

J’ai retenu de cette analyse que je devais garder le concept d’être à la fois ouvert sur l’extérieur sans que l’on puisse nous voir.

Pour le moment je suis toujours dans l’idée d’exploiter le toit de la maison pour créer un espace de méditation.

Un des points importants de la localisation de la maison est qu’autour de la villa il y a une forêt et des champs. Je ne voulais pas qu’une nouvelle enceinte complètement fermée cache la vue que l’on pourrait avoir depuis ce point de vue.

Alice Duran, Esquisse pour un lieu de Méditation, ENSA-Marseille, S2 2020/04/30, Office KGDVS, em>Villa, Buggenhout, Belgique, 2012.


Pour accéder au toit la cage d’escalier serait un verre pour que la lumière puisse continuer éclairer le premier étage qui est sombre.

Par la suite un nouvel espace se créera en reprenant l’idée de l’enceinte du jardin pour conserver l’aspect de tranquillité. On peut le voir sur certain croquis.

Commentaire  : Pascal Urbain

Sur votre planche de croquis, j’ai remarqué un «  S  » qui me semble plus prudent et plus modeste qu’une rampe en colimaçon (plan en haut, à gauche). À mon avis, le plus efficace serait un dernier étage opaque à l’extérieur, avec deux pièces de méditation distribuées par l’escalier central, largement éclairée par des patios alignés de part et d’autre (plan en haut, à droite). Les parties grisées sont hors d’eau / hors d’air, le solde est à ciel ouvert et ne compte pas dans la surface créée.

Alice Scharffe  : Maison Eames, Ray & Charles, 1949

Alice Scharffe, Esquisse pour un lieu de Méditation, ENSA-Marseille, S2 2020/04/30, Ray et Charles Eames, Maison Eames, Case Study House, 8 Pacific Palisades, Los Angeles, Californie, 1945-1949.


Commentaire  : Pascal Urbain

Au terme d’une enquête de terrain et d’une analyse structurelle très complètes, qui méritent des compliments, vous retenez deux propositions assez violentes, puisqu’elles ne se tiennent pas à distance d’un monument historique, dont elles modifient l’aspect. Tant qu’à faire, autant choisir la plus radicale  : un couloir suspendu entre les deux bâtiments.

Pour ne pas abimer le patio, j’imagine ce couloir très mince, juste assez pour passer, avec deux bancs en saillie (plan rouge, en haut)  ; c’est bien assez pour s’asseoir et méditer. Je ne crois pas une seconde à un sol et à un plafond en verre. D’abord, vous ne savez pas faire. Ensuite, ce serait un sac d’embrouille sans effet plastique. Comme vous ne pouvez pas lire, en l’absence de bibliothèque ouverte, les articles de Colin Rowe sur la transparence, il va falloir me croire  : le verre, très transparent du dedans au dehors, de l’ombre vers la lumière, est souvent opaque de dehors au dedans, soit parce que l’ombre du dedans en fait un miroir du ciel, soit parce qu’un jeu de reflets complexes et de poussières en suspension l’auréole de confusion et de brume. Faites donc, je vous le conseille, un plancher normal, qui cache les culottes des dames, un plafond normal, et des panneaux légers de même facture que ceux qui existent déjà.

Candice Joly  : Villa Müller, Adolf Loos,1928-1930

Candice Joly, Esquisse pour un lieu de Méditation, ENSA-Marseille, S2 2020/04/30, Adolf Loos (1870-1933), Villa Mullern Prague, 1928-1930.


Commentaire  : Pascal Urbain

Vous faites quelques dessins d’analyse structurelle. C’est très louable. Mais le temps presse désormais et il est temps de préciser le projet. Pour voir, je l’ai positionné dans le jardin que vous pressentiez, à l’ombre d’un grand arbre. Et après que ce premier dessin a été fait, par repentir, je l’ai imaginé comme un bâtiment très étroit et assez haut pour être vue depuis la rue, à la manière de la maison Keret, réalisée à Varsovie par Cabinet Centrala en 2012. Vous en trouverez des images sur Internet mais, évidemment, il vous faudrait une épure plus strictement rectangulaire que celle des fantaisistes polonais. Il vous faudrait une austérité digne de Loos.

Cabinet Centrala, Maison Keret, Varsovie, 2012.


Chloé Prinzivalli  : Villa Baizeau, Le Corbusier, 1928-1929

Chloé Prinzivvalli, Esquisse pour un lieu de Méditation, ENSA-Marseille, S2 2020/04/30, Le Corbusier (1887-1965), Villa Carthage 1 et 2, Tunisie, 1928-1929.

Commentaire  : Pascal Urbain

Les dessins d’analyses deviennent assez satisfaisants, et le seront davantage encore avec des couleurs moins vives.

Le Corbusier (1887-1965), Villa Carthage 1, Tunisie, 1928-1929.


L’analyse pittoresque sera enrichie par les perspectives de Le Corbusier passant d’un étage à l’autre avec brio.

Le Corbusier (1887-1965), Villa Carthage 1, Tunisie, 1928-1929, Comparatif des projets 1 & 2.


Mais le projet, vite  ! La semaine dernière j’évoquais un fragment de la première maison Carthage presqu’accolée à la seconde. C’est possible  : l’accolement de la coupe de la maison Carthage 1 (A) à la maison Carthage 2 (B) pose de petits problèmes d’adaptation (C) qu’un projet interstitiel permettrait de régler sans trop de difficultés.

Clément Dodero  : Maison de Pierre, Herzog et De Meuron, 1988

Clément Dodero, Esquisse pour un lieu de Méditation, ENSA-Marseille, S2 2020/04/30, Herzog et de Meuron, Maison de Pierre, Tavole, Italie, 1988.


La maison de pierre d’Herzog et de Meuron est un édifice à trois étages «  perdu  » dans une oliveraie à Tavole en Italie. Celle-ci tente à la fois de s’intégrer dans son espace grâce à sa matérialité, mais également de s’en détacher avec ses vues et sa structure en béton d’un motif presque cristallin qui dénote au milieu du paysage, ce qui crée un contraste qui met en tension l’environnement avec la maison.

Les espaces s’enchainent de manière assez classique, le rez-de-chaussée est utilisé comme un sous-sol de stockage avec un garage et un cellier. Le premier étage est un piano nobile qui contient la pièce de vie, la cuisine ainsi qu’une chambre, celui-ci trouve sa continuité en extérieur dans un espace délimité par une pergola en béton. Le deuxième et dernière étage, simplement qualifié de «  studio  » sur le plan était probablement destiné à des visiteurs.
La particularité spatiale de la maison pierre est créée par une disposition en croix. Habituel des églises et des cathédrales, la disposition en croix pouvant être un hommage à l’héritage religieux néanmoins ici les architectes adoptent un procédé légèrement différent. Au lieu que ce soient les vides qui forment la croix il s’agit ici des pleins, en effet les murs sur chaque étage se croisent pour créer cette forme particulière. Cela crée une circulation particulière où, au lieu d’avoir un axe de passage, ce dernier est dédoublé et permet une circulation en parallèle, comme en témoignent les deux portes d’entrée du premier étage.

Outre ceci, la deuxième particularité est évidemment la pergola qui crée un espace d’accueil juste avant le seuil. Cette dernière fait dans le même béton qui fait l’ossature de la maison permet une prolongation de celle-ci à l’extérieur créant une sensation d’être à la fois à l’intérieur du bâtiment sans toutefois vraiment y être.

Plusieurs j’ai fait référence au fait que le premier étage fait office d’entrée et que le rez-de-chaussée est un espace de stockage. Néanmoins il n’y a pas d’accès direct entre ces deux endroits, la circulation se fait par les extérieurs où l’on retrouve deux escaliers habilement cachés par les murets entourant la maison. Ces parcours latéraux renforcent encore le parcours parallèle que l’on retrouve au sein de la maison, en effet on peut s’aventurer dans la maison par le côté gauche et par le côté droit, il semble ainsi cohérent qu’on puisse y pénétrer par le côté gauche et par le côté droit.

Un autre aspect important du bâtiment est ses vues. En effet précédemment j’ai expliqué que le bâtiment de par sa matérialité tentait de s’intégrer à son environnement, mais que les vues au contraire l’en éloignaient. En effet la majeure partie des fenêtres sont situées aux derniers étages et offrent une vue panoramique du paysage lointain et non du site, les vues étant bloqué vers l’est, côté ou est présent la pergola. De même, à l’entré, où sont situées quelques fenêtres, le côté est reste invisible, bloqué par le mur. Ainsi, la seule manière de profiter du site et de sortir et d’aller dans la pergola.

Enfin la matérialité de l’édifice est totalement ancrée dans le site. En effet les architectes Herzog et de Meuron ont utilisé des pierres provenant de bâtiments démolis des environs et les ont mêlés au squelette en béton. Ainsi le mur se fond avec les murs de soutènement des oliveraies environnement pour donner un aspect qui semblerait tout droit sorti de l’époque des Ligures.

Pour l’instant j’étudie la possibilité de rajouter l’espace de méditation dans l’espace délimité par la pergola. Pour cela j’ai essayé de l’accoler à chaque niveau. Au rez-de-chaussée, l’espace serait sous le talus, dans un espace seulement éclairé par la lumière de la lumière artificielle, ce serait une sorte de bureau où l’on pourrait s’adonner à la contemplation.

À l’étage l’idée serait de détacher l’espace de la maison. Il serait simplement encadré par deux murs à droite et à gauche qui concentrerait la vue vers l’espace totalement obstrué par la maison. Ainsi cela permettrait de créer un espace de relaxation en rajoutant de quoi s’assoir pour admirer la vue.
Enfin au dernier étage, en créant une extension sur le mur est qui serait totalement vitré, on reproduirait le schéma déjà présent à l’étage tout en prenant appui sur la structure de la pergola et n’aurait donc besoin que peu de soutien pour tenir

Commentaire  : Pascal Urbain

Pour ne pas abimer la cohérence du projet je ne saurais trop vous conseiller de prolonger la pergola pour y insérer un espace de méditation sans abimer les vues sur le bâtiment, et en inscrivant l’ouvrage dans la pente du terrain. J’ai supposé que le terrain s’élevait, mais je peux me tromper. Vérifiez la pente du terrain et concevez votre projet en coupe. Le reste s’ensuit.

Dorine Hemery  : Villa Costa, Llivio Vacchini, 1993

Dorine Hemery, Esquisse pour un lieu de Méditation, ENSA-Marseille, S2 2020/04/30, Livio Vacchini (1933-2007), Maison Costa, Tenero-Contra, Suisse, 1993.


La villa Costa de Livio Vacchini est une résidence expérimentale réalisée en 1993 à Tenero-Contra en Suisse. Le contexte géographique du canton du Tessin dans le Sud de la Suisse se caractérise par la présence des Alpes et une topographie de vallées et de lacs. La villa est une architecture qui approche du silence, il est donc nécessaire de l’analyser.

Livio Vacchini pour réaliser ce projet s’intéresse aux chefs d’œuvres intemporels antiques. A la base de cette pensée radicale se trouve une recherche d’abstraction et de synthèse. Cela peut se résumer en une purification patiente vers l’essentialité du fait constructif. L’architecture de Vacchini est faite par des phrases courtes et précises.

Les dogmes de Livio Vacchini inscrit dans la villa  :
«  Les thèmes qui m’accompagnent sont  : le singulier et le multiple, le contradictoire et le complémentaire, contigu et indépendant, orientation et direction, centralité et périphérique, support et édifiant, le mur et la colonne.  »
«  Il n’y a pas de voie naturelle. L’architecture est différente de la nature  »
«  L’architecture n’a pas de temps propre, elle détermine le contexte  »
«  La lumière est matière et géométrie et la structure doit donc être mesurée par rapport à elle  »
«  Une idée est inconcevable indépendamment de sa construction  »
«  La qualité est objective et la forme est un résultat, sans fin, c’est pourquoi elle n’est pas indispensable  »

Cependant, la référence constructive la plus proche peut être le musée Kimbell de Luis Kahn au Texas. En cela, les voûtes reposent sur les côtés courtes, libérant les côtés des murs porteurs sur lesquels ils devraient normalement reposer.

Dans la maison de Vacchini, il est possible de distinguer trois éléments  : le coffre de base, le gué et le toit. A leur tour, ceux-ci sont marqués par le rythme des piliers sur toute leur longueur. De façon constructive et conceptuelle, chaque pièce fonctionne différemment. La base qui constitue le sol est une dalle appuyée sur trois murs, deux aux extrémités et une centrale qui s’étend jusqu’à la moitié du gué.

La villa se profil par un bloc longitudinal formé par deux travées identiques, appuyées perpendiculairement à la pente de la colline. Le rapport entre la longueur et la largeur est de 1/2. De ce fait, les éléments horizontaux sont largement dominants par rapport aux éléments verticaux, qui se font plus discrets. Cependant, on remarque que ces éléments verticaux s’encastrent dans les éléments horizontaux.

La dalle qui forme le toit est unique et constitué de 50cm d’épaisseur de béton. Cette dalle, allégée par des tubes en acier, est posée sur 6 piliers répartis aux deux extrémités du rectangle de base, de manière à libérer les côtés. La dalle semble plate mais permet d’évacuer l’eau au milieu à travers une légère pente sur sa longueur, il n’est pas accessible.

C’est une entité abstraite à laquelle l’architecte, pour la rendre habitable, a dû attribuer une certaine familiarité. C’est la raison de ces traits rouges peints sur les piliers pour enlever un peu de noblesse à cette maison et ainsi ne pas en faire un monument. Ces bandes relie la villa à la terre, c’est un moyen d’établir un dialogue avec les montagnes environnantes.

L’espace vide au niveau supérieur correspond à l’espace habitable. C’est le niveau qui se rapporte à l’horizon et où la lumière est privilégiée, c’est pour cette raison que le sol est jaune. La seule concession qui est faite à l’usage domestique est l’inclusion d’une pièce unique de service. L’emplacement décentralisé fournit des zones de tailles différentes pour les différentes activités. Ce noyau contient les sanitaires et la cuisine, d’un côté se trouve la zone à manger, de l’autre le séjour. De ce côté, un encorbellement continu en ciment armé accueille tous les objets des habitants.

Les longues façades qui sont liées aux pentes et aux arbres de la maison, il y a une perception continue, une ouverture totale. A l’ouest de ce seuil l’architecture disparait, s’arrête brusquement et la nature s’approche. Cependant, les façades courtes établissent un autre type de dialogue. Vers la rue, il tourne et fait un geste d’entrée avec un surplomb et un petit chemin.

A l’extrême opposé, vers le paysage, les piliers libres deviennent le cadre à partir duquel le paysage est observé. Les longs côtés dégagés peuvent être entièrement ouvert et ne comportent pas ni garde-corps ni parapet extérieur. Les seuls éléments qui interrompent l’horizontalité sont les supports orientés vers les façades courtes, créant des termes aux deux extrémités. Vacchini résout un espace directionnel éclairé bilatéralement avec une structure sur l’axe longitudinal. Cette maison procure une émotion particulière à qui l’habite. A l’intérieur on éprouve un vertige et on a quasiment l’impression d’être suspendu. On regarde le paysage qui n’apparaît plus réduit ou encadré par les ouvertures mais qui se perçoit dans sa totalité, simultanément à la structure essentielle de l’édifice. Vacchini s’approprie et arbres et une partie de la colline pour en faire un exercice lointain. Vous regardez le paysage, un geste qui résume tout.

De ce fait, la configuration de la villa permettant de se sentir à la fois à l’intérieur d’une maison et à l’extérieur devant ces montagnes où que l’on soit en fait un espace majeur. C’est cette dualité entre l’intérieur et l’extérieur qui va m’intéresser, et que j’essaierai d’exprimer à travers mon projet d’espace de méditation en cours.

Commentaire  : Pascal Urbain

L’analyse est bonne. Le projet se fait attendre avec impatience. Ma seule crainte  : que le projet soit une conclusion de l’analyse… Ce serait une très mauvaise idée. En fait, le projet vient comme il vient, et seulement après, l’analyse le conforte (ou pas).

Eileen Le Bouvellec  : Maison Guerrero, Campo Baeza, 2005

Eileen Le Bouvellec, Esquisse pour un lieu de Méditation, ENSA-Marseille, S2 2020/04/30, Alberto Campo Baeza, Maison Guerrero, 2005.


Biographie

Né en 1946. C’est un architecte espagnol, ayant connu la fin du franquisme, ce qui lui a permis, ainsi qu’à d’autres, de trouver une certaine liberté architecturale. C’est aussi un grand professeur, qui a enseigné entre autres à l’Ecole Polytechnique de Virginie, au Bauhaus ou encore à Harvard.

Analyse architecturale

La Guerrero House construite en 2005, apparaît à première vue comme un élément énigmatique et impénétrable. Elle présente des façades totalement opaques, ne laissant rien deviner de l’espace intérieure ni même sa fonction. Ce prisme régulier d’un blanc pur se détache de son environnement et crée un contraste avec la végétation environnante. Cette maison entourée de murs hauts de 8 mètres sont percés par une unique porte, imperceptible se trouvant sur la façade Ouest. La maison s’organise selon un plan rectangulaire, de plain-pied, configuré à la manière de la Gaspard House, qui elle est, moins récente.

Son enceinte mesure 33 mètres de longueur par 18 mètres de largeur, il enserre une cour d’entrée positionnée côté ouest, ainsi qu’un jardin avec piscine à l’est. Ces deux espaces ouverts sont séparés par une zone couverte mesurant 9 x 18 mètres. Le plafond de la pièce de vie – qui sert également de hall d’entrée – est plus élevé que celui du reste de la maison. De plus, cet espace est grand puisqu’il mesure 9 x 9 mètres. La toiture est située au même niveau et ne surplombe pas l’enceinte. Il y a également des espaces privés, des recoins plus intimistes, que l’on retrouve sur les côtés.

La Guerrero House se situe à Cadix, au sud de l’Espagne. Le climat y est chaud l’été (plus de 35°C) mais assez froid en hiver (de 0 à 13°C). Le site est verdoyant, le terrain sur lequel est placée la maison est régulier. On n’y trouve pas loin, la Gaspar House du même architecte construite elle, en 1998.

Concernant les déplacements, la circulation se fait essentiellement autour de deux axes centraux  : depuis l’entrée vers la piscine et perpendiculairement vers les espaces secondaires.

On peut penser que ce projet fait référence à plusieurs éléments, notamment puisqu’elle présente des similitudes avec la maison romaine. On peut penser à l’Atrium romain, qui est une cour intérieure, un lieu central du foyer ou l’on se rassemblait, qui est présent dans cette maison. Autour de cet espace de vie, on trouve les autres pièces tels que les chambres, les toilettes ou encore la cuisine qui sont placés sur les côtés, au «  second  » plan.
Le jardin enserré dans cette enceinte peut nous faire penser à l’Hortus Conclusus en latin. Ce terme moyenâgeux signifie «  jardin clos  » se devait, à cette époque, de communiquer avec le château pour assurer la sécurité mais également d’être entouré de palissades ou d’un petit mur bas.

Campo Baeza joue avec l’ombre et la lumière notamment avec ces auvents, positionnés à 3 mètres du sol, de part et d’autre de l’espace de vie, créant une avancée extérieure, permettant de garder un espace frais en été (le soleil ayant une trajectoire plus haute). Nous pouvons supposer qu’en période hivernale, la trajectoire du soleil étant plus basse, cela permettrait aux rayons de pénétrer directement dans l’espace de vie.

Commentaire  : Pascal Urbain

Eileen Le Bouvellec, Esquisse pour un lieu de Méditation, ENSA-Marseille, S2 2020/04/30, Alberto Campo Baeza, Maisons Gaspar, 1992 et Guerrero, 2005.


Les photographes d’architecture sont des gens formidables  : il vous font accroire à une maison solitaire planté au milieu d’un désert, alors que les deux maisons d’Alberto Campo Baeza (Gaspar à gauche, Guerrero à droite) sont plus trivialement implantées dans la périurbanisation d’un ville moyenne. Il en faut, du talent, pour cacher les cours de tennis, la piscine et tout ce qui s’ensuit.

Alberto Campo Baeza, Maison Guerrero, 2005.


Le terrain de la maison Gerrera est lui-même dominé par des infrastructures routières  : chemin d’accès et aire de retournement. On comprend mieux, alors, pourquoi le bâtiment est introverti  : dehors est bien trop vulgaire pour s’y aventurer.

D’après EAlberto Campo Baeza, Maison Guerrero, 2005.


Vous proposez une crypte souterraine, pour être discret. Mais s’il y a une trémie, voyez-vous, il y
a des gardes-corps.

Alberto Campo Baeza (1946-, Maison Guerrero, 2005, Photo Fernando Alda


D’après Alberto Campo Baeza (1946-, Maison Guerrero, 2005, Photo Fernando Alda.


Et s’il y a un lanterneau, on verra un lanterneau en avant du garde-corps. Le bâtiment d’Alberto Campo Baeza aura une petite queue malséante. Vous me diriez  : faisons les garde-corps en verre. Je vous répondrais  : un garde-corps, même en verre, ça se voit.

À mon grand regret, je ne crois pas une seconde à votre grotte. Je l’imagine que deux recours  : une annexe à l’intérieur de l’enceinte – reste à savoir où  : ou encore plus efficacement, une petite maison à l’extérieur, tout près de l’entrée. Vous ne l’avez certainement pas remarquée sur la photo aérienne, mais près de l’entrée carrossable, justement, à gauche des tennis, j’ai déjà dessiné une petite maison et son patio, dans le prolongement de ce qui est probablement une loge de gardien, qui pointe le bout de son nez sous les arbres.

Farouk Mohamed  : Maison Farnsworth, Mies van der Rohe, 1946-1951

Farouk Mohamerd, Esquisse pour un lieu de Méditation, ENSA-Marseille, S2 2020/04/30, D’après Ludwig Mies van der Rohe (1886-1969), Maison Farnsworth, Plano, 1946-1951.


La maison Farnsworth a été construite dans la fin des années 40 par l’architecte Ludwig Mies Van der Rohe. Sa surface est de 206 m2. La maison Farnsworth avec ses immenses surfaces vitrées donne le sentiment de vivre dans la nature. La frontière entre l’intérieur et l’extérieur est volontairement réduite au maximum par l’architecte.

Dans cet espace ouvert, Mies van der Rohe a su préserver l’intimité des habitants  : l’ensemble de la surface vitrée est équipé de rideaux, au centre de la maison un caisson en bois permet de cacher les salles de bain et les toilettes, ainsi que la pièce technique ou se trouve l’alimentation en eau et en électricité de la maison et le conduit d’évacuation des fumées de la cheminée. Les pièces, non séparées entre elles pour donner une impression d’espace, sont distribuées autour du caisson réalisé en panneaux de bois. On a alors là un architecte qui est dans la simplicité architecturale qui, je cite, affirme que «  moins, c’est plus  ». Son architecture prouve qu’on peut faire de grandes choses sans pour autant compliquer un projet.

Dans ce registre, on peut trouver la Maison de verre faite par Phillip Johnson, qui est un prisme de verre sur une structure métallique, d’une simplicité puritaine qui lui a donné une renommée internationale. C’est un espace neutre avec trois matériaux principaux qui se veulent purs  : l’acier, le verre et le béton. Le rapport intérieur/extérieur est très fort dans cette maison. L’espace extérieur est le prolongement de l’intérieur, c’est la terrasse qui fait le lien entre les deux espaces.

Concernant mon projet de départ j’ai alors choisi de le modifier en en proposant deux autres qui se ressemblent. J’ai gardé l’extension de base qui se situe à gauche de la maison cependant j’ai imaginé qu’elle ne soit pas en perspective mais bien en long, ce qui pourrait donner le choix en passant l’escalier qui mène à la maison en ayant deux possibilités, car j’ai ajouté un escalier qui mène directement à l’espace de détente. Cependant j’imagine aussi pour le premier passage qui est vide de créer une terrasse vitrée fermée qui prolonge l’idée de l’architecte, car je trouve cela dommage que ce soit un espace vide. Alors je pense à un espace dans lequel on peut apporter l’idée de panneau de shojis coulissants, qui fait qu’on puisse avoir une relation intérieur/extérieur intime si on le souhaite tout en restant entouré par la nature. De plus, par la baie vitrée, cela permet de comprendre au visiteur qu’on franchit un seuil par l’escalier puis dans un espace fermé qui met dans une ambiance naturelle.

Commentaire  : Pascal Urbain

Toujours pas d’analyses graphiques, et vous ne prenez toujours pas au sérieux mes conseils de projet. Je vous proposais la semaine dernière dernière de rester perpendiculaire à l’axe majeur du projet, de barrer délibérement la perspective, mais de le faire de façon plus simple et petite que dans vos premiers dessins. Entretemps, vous changez de parti, vous proposez une construction sur la première plateforme. Je vous propose de perfectionner une première piste et vous en suivez une autre. Libre à vous. Mais de semaine en semaine vous perdez du temps. Je vous montre, au dessus de vos dessins de cette semaine, une esquisse rapide de ce que pourrait devenir votre premier parti. Notez que ce dessin n’est pas que du croquis. L’esquisse que je propose est déjà partiellement tramée et dimensionnée. Si vous souhaitez poursuivre dans cette direction, allez-y. Si vous souhaitez changer de parti et occuper la première plateforme, pourquoi pas  ? Mais commencez à détailler, à tramer, à dimensionner. Utilisez ensemble le tracé à main levée et le tracée à la règle, comme je le montre dans mon dessin. restez dans la trame existante des poteaux (il y en a six pour porter la plate-forme d’entrée). Notez que contrairement à Johnson dans la Maison de verre, Mies van der Rohe ne met pas de poteaux dans les angles, mais seulement de minces encadrements de vitrages, pour que la boite de verre paraisse déliée de la structure porteuse. D’apparence, la boite de verre semble glisser entre les poteaux porteurs. Faite de même. Bref, choisissez un des deux partis (celui de la semaine dernière ou celui de cette semaine) et n’échangez plus. Mettez au point le parti dans une esquisse déjà tramée et dimensionnée. Hâtez-vous  !

Jeanne Maurel  : Maison Gaspar, Alberto Campo Baeza, 1992


Jeanne Maurel, Esquisse pour un lieu de Méditation, ENSA-Marseille, S2 2020/04/30,


La parcelle se situe dans un contexte verdoyant, peu dense. Elle se situe en hauteur, sur une colline, isolée de tout et partage son terrain avec une autre œuvre d’Alberto Campo Baeza – la Maison Guerrero – qui se rapproche beaucoup des caractéristiques de la Maison Gaspar.
Répondant à une volonté́ majeur de rupture avec l’environnement de la part des futurs habitants, l’architecte imagine une maison tranchant avec son environnement et totalement opaque à celui-ci. Il a été décidé de créer une enceinte fermée, un «  hortus conclusus  » ou un bosquet fermé.
Telle une boite blanche dans cet espace naturel, la maison vient s’insérer et contraste avec la végétation omniprésente, laissant uniquement visible l’enveloppe blanche de deux prismes imbriqués.

Jeanne Maurel, Esquisse pour un lieu de Méditation, ENSA-Marseille, S2 2020/04/30,


Depuis l’extérieur, un des deux volumes est perçu comme central, surplombant le second volume qui le contient.

La configuration introvertie de l’habitation, notamment la hauteur des parois verticales, génère une réduction extrême des rapports à son environnement. La perception de celui depuis l’intérieur est fortement limitée, orientée exclusivement vers le ciel et la cime des arbres avoisinants.
La maison, définie par quatre murs d’enceinte de 3,5 mètres, est basée sur un carré de 18 x 18 mètres divisé en trois parties égales. Seule la partie centrale est couverte.
Le carré est ensuite divisé transversalement par deux murs de 2 mètres de haut en trois parties aux proportions A, 2A, A, les pièces de service étant situées sur les côtés. Le toit de l’espace central est plus haut, 4,5 mètres de haut.

Les 2 tronçons latéraux, abritent les espaces secondaires, les chambres et les services, s’ouvrant chacun à l’espace intérieur principal. Cette hiérarchie entre les différentes pièces est renforcée par la hauteur de la toiture, nettement supérieur dans l’espace de vie.

Exclusivement horizontale, la circulation est définie selon 2 axes perpendiculaires. Le principal marque l’axe de symétrie centrale. Matérialisé par la porte d’entrée, il parcourt successivement les espaces principaux  : cour d’entrée, séjour, cour arrière.
Depuis l’espace de vie, un second axe traverse les parois latérales et rejoint les espaces secondaires. Ces derniers bénéficient d’un rapport privilégié avec l’espace extérieur, à l’abris de tout regard mais toutefois en contact avec les espaces extérieurs principaux. Ce dispositif relie divers degrés d’intimité tout en permettant de palier au sentiment d’enferment ou d’impasse.
Cette distanciation à l’environnement se manifeste par la recontextualisation subtile d’un paysage naturel  : 4 citronniers et des plans d’eau placés géométriquement suivant la composition. Cela forme un arrière-plan statique d’un décor scénique sophistiqué et place la maison en dehors de la réalité́ quotidienne.

Le contraste face à l’environnement ainsi que l’artificialisation sont renforcés par le traitement de la dalle au sol, dont l’épaisseur est lisible, telle une plaque perforée, un plancher, laissant voir la terre du sol originel. La texture du sol se replie verticalement, marquant la continuité de manière imagée.

La nature devient ainsi abstraite et le contact direct à l’environnement est exclusivement vertical, avec le ciel et la terre.

L’espace du séjour occupe ici une position centrale dans le plan. Sa toiture surplombante lui apporte également un statut particulier, principal. L’horizontal est accentuée, intégrant dans cette maison le principe d’indépendance et de flottement de la toiture. Un jeu compositionnel de volumes à différentes hauteurs s’instaure.

Ce dispositif permet une monumentalisation du séjour  : en élevant ses murs au-dessus de l’enceinte, l’espace est amplifié, baignant dans la lumière «  lisse  » et homogène.
De toute évidence, le «  mysticisme de la lumière  » de Campo Baeza a une intention nostalgique. Dans le monde d’aujourd’hui, où chaque phénomène naturel a été irrémédiablement dégradé et corrompu – n’importe où sur la planète – un site «  vierge  » sur lequel construire est tout simplement un vœu pieux, qu’est ce qui pourrait être plus pur que le ciel  ? Pour Campo Baeza, il est littéralement le lieu où «  notre monde physique pénètre un monde au-delà  ». L’ensemble de la maison est sacralisé et détaché de son environnement.

Bien que notre atmosphère subisse les conséquences d’une urbanisation incontrôlée et que l’air autour de nous soit souvent très altéré, la vue depuis la maison – dont l’interaction avec le monde extérieur est régulée par des étendues de verre encadrées de panneaux muraux blancs – peut offrir une sublime perspective sur la vie.

En ce sens, elle véhicule une «  nostalgie primitive  » et une plénitude spirituelle, pour un «  paradis d’identité  » rythmé par la lumière et l’obscurité, où la lumière du soleil, de la lune et des étoiles rendent visible l’espace.

Il est clair que nous ne parlons ici de la création d’un univers artificiel et imaginaire capable de restaurer les harmonies que les Hommes modernes ont perdues dans leurs relations déformées avec le monde physique.

Campo Baeza renverse ici le précepte «  less is more  » de Ludwig Mies Van Der Rohe dans sa citation «  Más con menos  » (plus avec moins).
C’est une architecture qui, d’une part, se concentre sur les besoins de vivre liés à l’homme et à ses habitudes, insérant également le contexte, mis en valeur par la lumière naturelle (ici horizontale).Mais c’est aussi une architecture dont tous les éléments superflus sont supprimés, à la recherche d’une essentialité. Le résultat est donc une combinaison et une réduction des formes qui conduit à la conséquence extrême du refus de la décoration. Il en résulte une décoration qui est basée sur l’exemption de tout ce qui n’est pas nécessaire.

Cela m’a alors amenée à réfléchir sur le principe de la méditation  :

La perception induite par un espace dépend notamment de notre sensibilité. Elle est bien évidemment subjective et personnelle. Notre impression sur l’atmosphère d’un lieu ne fait pas appel qu’au sens de la vue, mais aussi celui de l’ouïe, du toucher, de l’odorat. L’architecture offre un espace sensible, dans lequel l’individu évolue avec un regard sensible.

De manière général, dans le monde japonais (oriental), l’ombre, très présente dans les temples et espaces de méditation, est esthétisée, synonyme d’apaisement, de recueillement et de proximité avec les ancêtres.

La lumière fait partie intégrante de cette perception de l’espace. L’immatérialité de la lumière et la présence de l’architecture offrent un rapport dialectique, opposant éphémère et permanence à la perception sensorielle. Le but de la lumière dans ces espaces, n’est pas d’être un élément fonctionnel mais plutôt de mettre en évidence un élément artistique ou autre, et de pousser le visiteur à se plonger dans un état de méditation.

Dans leurs nombreuses réalisations, Campo Baeza, Richard Meier, Tadao Ando ou encore Peter Zumthor, travaillent la matière et la lumière en fonction de leur vision propre. La lumière ou l’ombre, subliment l’ambiance du lieu et plongent le visiteur dans une phase méditative.
Si ces moments de méditation sont possibles quel que soit l’endroit, car ayant le «  soi  » comme figure centrale, «  le fait d’extraire la personne de son milieu quotidien permet de faciliter le recueillement dans sa capacité de rupture face aux sollicitations et stimulations environnantes. L’isolement permet de se concentrer davantage sans être perturbé par ce qui nous entoure.  »

Commentaire  : Pascal Urbain

Alberto Campo Baeza, Maisons Gaspar, 1992.


Maison riveraine de la maison Gaspar, côté carrefour giratoire.


Ce qui frappe presque toujours dans les maisons abstraites, blanches, pures, photographiées loin de tout, en plein champ, c’est la trivialité des sites où elles sont vraiment  : ici, un carrefour giratoire, la voie de desserte d’un lotissement quelconque, une maison très ordinaire et, derrière les arbres, une maison blanche et carrée. La belle affaire  !

La maison blanche d’Alberto Campo Baeza est elle-même équipée d’un appentis à l’arrière (une chaufferie  ? Un réservoir  ?) et, en avant, d’une baraque carrée (un garage  ? une cabane de jardinage  ?).

La seule magie, la seule pureté – si magie et pureté il y a – est à l’intérieur de la maison, qu’on ne peut pas voir autrement que par des photos prises il y a plus de 25 ans.

Dans ces conditions, on peut intervenir à l’intérieur de la maison, ce que vous proposez, ou de reconstituer une certaine pureté à l’extérieur. Une pièce sur le toit n’est pas idiote. Vous pouvez le tenter. Mais l’escalier  ? Il risque de tout gâcher  ! Une échelle technique, en ronds pleins d’acier inoxydable, somme toute acceptable pour un espace de méditation, peut faire l’affaire. Oubliez, s’il vous plait, la pyramide à gradin et le chemin de médiation, qui sort de la parcelle pour aller je-ne-sais-où  !

D’après Alberto Campo Baeza, Maisons Gaspar, 1992.


Sinon, on peut reconstituer un espace un tant soit peu réglé à l’extérieur  : par exemple une cour fermée en avant du bâtiment et, en vis-à-vis, à l’alignement du supposé garage, un petit local sans fenêtre extérieur, seulement accessible par le patio qui sépare le supposé garage et le nouveau local.

C’est le problème de tous les étudiants de première année, et de 90 % de ceux qui quittent l’école avec leurs diplômes en poche  : vous êtes tellement fascinés par la maison qu’on vous montre que vous être incapables de voir un site. Plus il est médiocre, plus il mérite vos soins, et moins vous le voyez  ! Cruel échec de l’enseignement…

Léo-Pol Raud  ; Villa Stein, Le Corbusier, 1927

Léo-Paul Raud, Esquisse pour un lieu de Méditation, ENSA-Marseille, S2 2020/04/30, Le Corbusier, Villa Stein, 1927.


J’ai étudié une salle de méditation qui s’insère dans la boîte, à l’endroit où elle est «  éventrée  ». On ne crée pas de deuxième boîte, on ne recompose pas la façade si bien réglée par le nombre d’or, on ferme la terrasse qui s’ouvre sur le jardin. On s’appuie sur les murs latéraux existants pour y introduire une nouvelle façade. Elle reprend l’arithmétique du Corbusier et la prolonge  : la répétition horizontale mur – fenêtre – mur – fenêtre se retrouve sur la façade pour les dimension. Cependant, on y change les matériaux pour y introduire de la joie et de la couleur (bien que la villa Stein soit loin d’être triste). On reprend les couleurs de la cité radieuse par respect pour le Corbusier (malgré que je restructure sa Villa).
En premier lieux, les vitaux m’ont paru intéressants pour l’espace intérieur  : un espace de méditation atypique pour un recueillement profane. Cependant, l’extérieur reste sombre. Le dehors pourrait laisser transparaître le dedans. Le papier de riz semble plus approprié pour une restitution de la couleur à l’intérieur et à l’extérieur  : le jour, le soleil éclaire et colore la salle de méditation ; la nuit, l’espace de méditation devient par sa lumière une lanterne et anime l’extérieur. Le papier de riz dispose d’un large panel de couleurs. Nonobstant, le papier de riz n’est pas adapté pour une façade ce qui compliquerait sa mise en place. Le compromis reste des panneaux de Plexiglas de différentes couleurs. Il existe comme pour le papier de riz une grande diversité de couleurs et on peut jouer sur le degré de luminosité restitué dans la pièce.

La première page d’esquisses représente un plan et une coupe où sont mises en évidence les ouvertures qui concernent le projet, mais également une vue intérieure et extérieure qui correspondent à un prolongement de la façade à l’identique.
La deuxième page d’esquisses se compose de trois propositions avec une coupe, une vue de dehors et une vue de dedans. Je trouve intéressant l’aléatoire des couleurs dans un ensemble de carreaux positionnés avec précision.

Commentaire  : Pascal Urbain

Léo-Paul Raud, Esquisse pour un lieu de Méditation, ENSA-Marseille, S2 2020/04/30, Le Corbusier, Villa Stein, 1927.


Ça peut marcher. À titre personnel je préfèrerais une boite (en rouge sur votre dessin). J’ai vus des grands vitraux de ce type dans plusieurs musées. L’effet n’est pas du tout le même que dans une cathédrale gothique  : sans ombres, la lumière reste unitaire et blanche, à l’exception des flaques de couleurs projetées sur les purs.

Au contraire, dans unes cathédrales obscures, avec des vitraux très fragmentés, on obtient une lumière complète (synthèse additive des couleurs) par petites touches. La boite, outre qu’elle conviendrait parfaitement à une installation provisoire, permettrait de fabriquer l’ombre nécessaire à la synthèse additive de la couleur.

Lilou Kreisberger, Maison De Blas, Alberto Campo Baeza, 2000

Lilou Kreisberger, Esquisse pour un lieu de Méditation, ENSA-Marseille, S2 2020/04/30, Alberto Campo Baeza , Maison De Blas, 2000.


Campo Baeza a décidé de diviser la maison en deux parties, un rez-de-chaussée et à l’étage l’espace domestique pour profiter de la place par rapport à l’environnement.

Rez-de-chaussée


Dans le socle en béton est le programme de logement avec un aperçu clair de la bande arrière services et des espaces avant desservies. Ce sont des pièces qui ont une vue sur le paysage encadré par une ouverture carrée dans le mur. Dans cette usine, la masse est associée à l’abri idée, et le mur de béton épaisse entoure les espaces de vie, de travail, de loisirs et de repos.
Elles donnent sur le paysage austère de nord à travers les fenêtres, ce qui empêche l’extérieur imposer sa présence dans la partie la plus intérieure de la maison, servant seulement une référence spatiale à l’intérieur de la grotte est symbolique que le plancher.
L’effet est comme si le paysage était hors de notre portée, dans le lointain, symbolisant la protection accordée par la nuit grotte.

À l’étage


La sensation de rez-de-chaussée contraste avec les qualités de la structure transparente qui forme une plate-forme panoramique au rez-de-chaussée, où l’on est littéralement absorbé par la puissance de l’environnement.
Dans ce point de vue le verre sans bâtons menuiserie à la façade nord de la Casa de Blas si, sur le côté sud, et est en retrait de chercher l’ombre.
Le haut ressemble au contact avec la nature, et c’est une cabine qui protège contre les éléments.

À l’intérieur du prisme de verre, rien n’interrompt la communication visuelle entre le spectateur et la nature, pas même un garde-corps. Cette dualité extrême de haut en bas, à l’extérieur-en, verre, béton havre de nature, c’est un discours dramatique des contraires qui détermine le caractère des espaces physiques de l’immeuble.
Il apparaît dans une petite terrasse de la piscine.

Structure


Dans un terrain avec une pente architecte 15mts créé une plateforme qui serait diviser la maison en deux éléments  : un podium composé d’un caisson en béton, parfaitement taillé dans la montagne, et au-dessus de lui, une structure légère en acier peint en blanc et en verre qui disparaît presque dans le paysage.
Ces deux constructions sont en fait deux états opposés de qualités ou comment la lumière est transmise à travers le matériau, une transparence et l’opacité autre.
L’ensemble du projet se compose de la précision dimensionnelle  :
La boîte de béton est de 9 sur 27 mètres.
La structure métallique est de 6 x 15 mètres.
L’enveloppe de verre est de 4,5 x 9 mètres par 2,26 mètres.

Matériaux


Profils en béton armé, acier et verre.

Commentaire  : Pascal Urbain

Le parti est excellent  : prolonger le bâtiment d’un côté, de la même façon que le projet l’a déjà été de l’autre côté. Après, il y a des choix très discutables  : vous voulez à toute force que votre travée ne ressemble pas aux autres  ; que ce soit la vôtre  ; que ce soit votre œuvre  ; au risque de tout gâcher, peu importe. Les autres travées sont presque régulières  ? La vôtre sera nettement plus large  ! Les autres travées sont pleines  ? La vôtre sera ouverte  ! Les autres travées sont couvertes par une dalle  ? La vôtre sera couverte par une treille  ! Il y a un escalier intérieur  ? Le vôtre sera extérieur  ! Etc. Vous faites tous les mauvais choix que cette pauvre terre a porté à seule fin de vous distinguer. C’est un très mauvais calcul.

D’après Alberto Campo Baeza , Maison De Blas, 2000.


Quel mal y aurait-il à faire, pour les besoins du commanditaire, une travée de plus, qui serait faite comme les autres sont déjà faites  ? Il est probable qu’en regardant l’image ci-dessus, vous n’avez pas remarqué que cette travée est déjà ajoutée par mes soins. Où est le mal  ? En partant de là, de la solution la plus simple, la plus évidente, la plus pratique, il est probable qu’on puisse faire évoluer le projet, en fonction de besoins spécifiques. Une fenêtre un peu plus grande  ? Pourquoi pas  ? Pas de fenêtre du tout, mais un patio intérieur, propre à l’introspection  ? Encore mieux  ! Un revêtement en azulejos, qui plairait plus que le béton brut  ? Formidable  !

Le mieux qu’on puisse vous conseiller, c’est de commencer toujours par la solution la plus simple, la plus efficace, la plus proche de l’auteur de l’œuvre initiale… et de voir ensuite s’il est possible de l’améliorer.
Mais commencer par la vain désir de se distinguer est le plus sûr moyen d’aller à l’échec.

Lisa Rusterholtz  : Villa de Ville, Office KGDVS, 2012

Lisa Rusterholtz, Esquisse pour un lieu de Méditation, ENSA-Marseille, S2 2020/04/30,


Commentaire  : Pascal Urbain

La pomme se ratatine, jusqu’à disparaître. C’est dommage. Un banc, deux bancs, quatre bancs, c’est trop  ! Trop de bancs et pas assez de pommes  !

, Esquisse pour un lieu de Méditation, ENSA-Marseille, S2 2020/04/30, Office KGDVS, Villa de Ville, Bruxelles, 2012.


Reprenons  : pomme ou galet, peu importe. Mais des enseignants sont en droit d’espérer de l’architecture, des contenants et des contenus, des entrées et des sorties, un libre jeu entre la trame et ses exceptions.

Marion Panciatici  : Maison de vacances, Office KGDVS, 2012

Marion Panciatici, Esquisse pour un lieu de Méditation, ENSA-Marseille, S2 2020/04/30, Office KGDVS, Maison de vacances, 2012.


Intention de projet  :
On a bien compris l’intérêt des architectes à faire une maison avec une forme aussi particulière, tout y est pensé au millimètre c’est pourquoi l’implantation du projet d’un espace de méditation se fera plutôt dans le patio central. Comme il a été dit ci-dessus le patio central nous donne l’impression «  d’être dans le cocon protecteur d’un salon  » ne serait-ce pas l’endroit idéal pour méditer  ?
Suite à votre correction j’ai compris l’intérêt de «  casser  » ce côté nature qui est déjà très présent à l’extérieur de la maison c’est pourquoi l’espace de méditation aura un côté beaucoup plus artificiel tout en gardant l’aspect d’un jardin. Les experts dans la matière sont les Japonais. Je me suis alors inspirée des jardins Japonais pour créer l’espace de méditation situé toujours au centre du patio. Le jardin de méditation serait accessible grâce à un seul chemin afin de le mettre en valeur l’entrée de l’espace mais aussi d’intriguer sur son utilité car l’intérêt et qu’on ne puisse pas percevoir l’intérieur du jardin tant que nous ne sommes pas entrés. C’est-à-dire que le jardin sera totalement fermé afin de casser un peu le rythme de la maison qui elle n’est ni fermée ni ouverte. En ce qui concerne la relation a la nature, ce sera toujours la même que l’ancien projet c’est-à-dire un jardin à ciel ouvert avec des éléments présents comme la terre les arbres … pour développer nos sens.

Commentaire  : Pascal Urbain

Vous l’ignorez probablement, mais le carré est la figure la plus compliquée à composer, parce qu’il n’a pas d’axe dominant a priori. Aussi je vous conseille de partir sur une double-carré, et de tout régler à l’intérieur sur un nombre fini de tatamis. C’est juste une règle de composition  : on ne met pas de tatamis dans un jardin. Dernier et principal conseil  : évitez le centre et chercher un endroit plus paradaxol, qui mette en tension la composition symétrique et l’objet qu’on y installe.

Maxime Grégoire  : Villa Savoye, Le Corbusier, 1929-1931

Maxime Grégoire, Esquisse pour un lieu de Méditation, ENSA-Marseille, S2 2020/04/30, Le Corbusier (1887-1965), Villa Savoye, Poissy, 1929-1931.


Commentaire  : Pascal Urbain

Le Corbusier (1887-1965), Villa Savoye, Poissy, 1929-1931, Pavillon d’entrée.


Quand j’examine vos planches, je me demande si je ne me suis pas trompé. Le plus intéressant serait effectivement de fermer une partie de la terrasse avec des éléments mobiles. Mais cela nécessiterait des connaissances en second-œuvre, spécialement en menuiserie, que vous n’avez pas encore…

Moins intéressante, la Savoyette me semble plus facile à faire. En particulier, l’entrée du site est indigne. Ce serait faire œuvre utile que de nettoyer le mur, de remplacer la grille et de prolonger la loge d’entrée.

Sara-Lou Pons  : Villa Der Bau, Office KGDVS, 2013-2015

Sara-Lou Pons, Esquisse pour un lieu de Méditation, ENSA-Marseille, S2 2020/04/30, Office KGDVS, Villa Der Bau, Linkebeek, 2011-2015.


Trois propositions d’emplacements, la deuxième me paraît la plus intéressante, car la première est un peu «  à l’étroit  » entre les arbres et la ville et troisième viendrait gâcher la vue sur le terrain depuis le sous-sol

Le terrain étant en pente, je propose d’enterrer l’extension comme c’est fait pour le sous-sol, mais en dégageant le devant de la façade pour permettre une vue imprenable sur le terrain en contre plongée. Je me suis amusée à essayer d’imaginer cette vue.

Commentaire  : Pascal Urbain

Votre erreur fondamentale est de dessiner votre projet en rouge, pour bien faire comprendre que ceci n’est pas cela. Du coup, vous ne voyez jamais ce que ceci et cela font ensemble.

Le rouge signale ce qui est important pour vous  : c’est votre travail, votre œuvre. Mais pour l’utilisateur, une chambre méditation n’a pas plus d’importance qu’une chambre, et moins qu’un salon ou une cuisine ; il ne mérite pas le rouge dont vous l’affublez.

Le rouge a l’air d’être un détail, mais il conditionne votre regard  : vous ne voyez plus que cette petite chose rouge et vous ne portez pas attention à l’ensemble.

D’après Office KGDVS, Villa Der Bau, Linkebeek, 2011-2015.


La semaine dernière, je vous proposais une extension à droite de la façade principale, avec un carré de lumière zénithale, sous une dalle prolongée, d’une part parce que je trouvais ce coin de dalle existant était un peu relégué et assez raté, d’autre part, et surtout, parce que cela permettait d’ancrer le socle du bâtiment et de la raccorder au point haut du relief.

Office KGDVS, Villa Der Bau, Linkebeek, 2011-2015.


Cela étant dit, vous pourriez faire une extension de l’autre côté du bâtiment, au rez-de-chaussée ou même à l’étage supérieur, comme ci-dessus, de telle façon que l’extension apparaitrait comme un simple prolongement du bâtiment. Cette option est techniquement plus facile en bas qu’en haut, parce que la rareté des points porteurs à l’étage intermédiaire recommande de ne pas recharger l’étage supérieur.

Peu importe en première analyse. Votre projet n’a pas à être en rouge, parce que, s’il venait à être réalisé, il aurait exactement le même «  poids existentiel  » que ce qui existe aujourd’hui, ni plus ni moins. Le bâtiment actuel existe. L’extension existera, voilà tout.

Le dessiner en rouge ou en noir, pour qu’on voit bien que «  c’est le projet  », c’est lui interdire ce droit à l’existence ordinaire qu’ont les choses ordinaires. Et c’est vous interdire, à vous, de voir ce que ça fera ensemble. C’est fausser votre jugement.

Il est très humain de considérer que son propre dessin est plus important que le dessin des autres. Tous, un jour de fête des mères, nous avons offert un dessin qui nous semblait très spécial, et qui paraissait aussi magnifique à nos mères respectives, qui nous en félicitait. Mais il suffit, pour guérir de la maladie infantile de l’architecture, de réexaminer, la tête froide, le tas de nos dessins d’enfants et de nos colliers en coquillettes colorées  : rien n’y mérite le rouge qu’on y a mit.

Pensez au Louvre. Il a été constitué d’une vingtaine d’opérations successives, chacune ayant ses objectifs et son style. Et pourtant nous considérons le Louvre comme un ensemble unitaire, et la plupart d’entre nous ne voient même pas les ajouts successifs.

Office KGDVS, Villa Der Bau, Linkebeek, 2011-2015.


Par ailleurs, dans la solution que vous préférez, vous empiétez sur la façade latérale du bâtiment. Au pieds d’un angle raffiné, mais fort, vous placez un angle brut, mais petit. Vous mettez un sabot à l’angle le plus intéressant du bâtiment. Vous cassez le socle, dont l’unité formelle n’apparaît plus.

Pour vous plaire, j’ai dessiné l’extension en rouge.

Cherchez encore une semaine, je vous en prie.

À vous lire.