QUATRE BÉANCES

La façade du Cours Belsunce et les quartiers de la Bourse ont été détruits, et beaucoup plus tard, remplacés par une galerie marchande, le Centre Bourse. En tant que pôle d’animation, c’est une réussite relative. Mais c’est aussi un énorme «  pâté  » de 200 mètres de côté, autour duquel il faut tourner pour rejoindre le quartier Belsunce, la Canebière, le Panier ou la Butte des Carmes. L’animation de la galerie commerciale est à ce prix  : deux ghettos, une butte moribonde et une artère en déshérence. On équipe la butte, on veut réanimer le Panier, épanouir Belsunce, régénérer la Canebière, sans comprendre que la partie se joue au centre. Un joueur de Go en saurait plus long sur «  l’œil  » du Centre Bourse que tous les urbanistes convoqués au chevet de Marseille. L’îlot doit impérativement être cassé, on doit pouvoir le traverser de part en part, autrement que par le passage couvert, sinueux et sinistre qui a été ménagé entre le Cours Belsunce et la rue Henri Barbusse. D’autre part, il est regrettable que les ruines grecques et romaines mise au jour pendant les travaux, les ruines de la première ville de France, soient clôturées et d’accès difficile. La porte d’Aix, qui fut une des plus belle place de la ville, n’est plus aujourd’hui qu’un nœud autoroutier qui entrave l’accès des piétons, à l’Est vers Saint Charles, à l’Ouest vers le Boulevard des Dames et la Joliette. La béance est si criante, si triste, si pénible, qu’on aurait scrupule à en accabler les auteurs. La place doit être recomposée. La place Sadi-Carnot a été composée pour permettre l’accès à la Cathédrale. Son altitude, plus d’une dizaine de mètres en dessous du sol naturel, préfigurait le nivellement général de la ville nouvelle qui devait être édifié. Le projet a failli, heureusement, peut-être. Mais demeure un mur abrupt qui sépare le Panier de la rue de la République. Il entrave tout accès majeur à l’Ouest. Enfin, si la façade du Port, réalisée par Pouillon, peut être considérée comme une réussite, les immeubles construits en amont découragent tout accès au Panier, à la Joliette et au Fort Saint Jean.

QUATRE PROJETS

Cours Belsunce, Grand Rue

Le Cours Belsunce est un espace baroque de première importance. Sa façade Ouest a été arrachée, remplacée par 3 barres démesurées. Il est difficile d’envisager leur démolition. Mais l’annexion des premiers niveaux permettrait de reconstituer une façade continue. Cette opération suppose de libérer les 4 premier niveaux des 3 barres qui longent le Cours. En contrepartie, l’opération créerait une importante surface de bureaux. Le prolongement de la Grand Rue à travers le jardin des vestiges et le Centre Bourse permettrait de lier le Cour Belsunce au Panier, et mettrait en valeur les vestiges, dans un site urbain, pour en faire une des places majeure de la ville. Notre mémoire est confisquée par un dénivelé et une haie de cyprès malingres. Il est essentiel de les restituer à la ville, comme peuvent l’être les ruines de Rome. Un emmarchement monumental permettrait d’y accéder sans solution de continuité. une pas¬serelle rejoindrait le Cours à 2 ou 3 mètres au-dessus des vestiges. La galerie marchande serait entaillée, pour créer une rue  : à ciel ouvert, et de domaine public. Outre ses avantages concrets, le dispositif témoignerait d’un principe  : l’extrême centre d’une ville ne peut pas, ne doit pas être gardé par des vigiles privés, fermé la nuit, interdit de séjour à ceux que les commerçants jugent indésirables, privé de citoyenneté. Enfin, les façades du Centre Bourse, pratiquement aveugles, peuvent toutes être recomposées et épaissies, pour leur conférer un caractère urbain. L’intervention proposée nécessite le changement d’affectation des premiers niveaux des barres, et le déménagement de la Fnac. Mais la création de 10 à 20 000 mètres carrés le long du Cours et des façades du Centre Bourse permettraient largement d’équilibrer le bilan fonctionnel et économique.

Ville Basse et Grand Rue

La densification du quartier de l’Hôtel de Ville est techniquement possible. Elle permettrait la création de rues et de places plus étroites et mieux structurées. Une attention toute particulière serait portée à la continuité de la Grand Rue, jusqu’à la place de Lenche, ainsi qu’à la place du Mazeau. Cette densification devrait permettre à un promeneur d’accéder à la Cathédrale sans rupture d’animation urbaine.

Place Sadi-Carnot

La démolition de l’îlot compris entre les rues des Belles écuelles, Guintrand et Saint Antoine, permettrait de créer une place en pente, accessible au piéton, équipée d’un Escalator, menant largement de la Place Sadi-Carnot au Panier.

Porte d’Aix

La porte d’Aix peut être enfin un espace majeur, qui ouvrirait noble-ment sur un tronçon d’autoroute transformé en boulevard urbain, et sur le Boulevard des Dames  : deux voies menant à la Joliette, à Arenc et aux quartiers Nord.